Pierre
Sprey est une quasi légende pour les experts et
passionnés d'aviation de chasse. Cet ingénieur français en
aéronautique a travaillé avec le mythique stratège John
Boyd dans les années 1960, fut impliqué dans le
développement du F-16 Falcon et du A-10 Thunderbolt dans les années
1970, et a imposé la pratique du fly-off (ou Fly Before Buy) obligeant les constructeurs aéronautiques à
proposer un prototype qui doit démontrer ses capacités à répondre à un cahier des charges.
Interrogé
par CNBC, il ne mâche guère ses mots au sujet du sulfureux
chasseur F-35 (Lockheed Martin). Selon Sprey, l'idée d'un avion
multirôle (appui-feu, combat aérien, interdiction) bourré de
technologies était vouée à l'échec dès le départ, et ce,
d'autant plus qu'il s'agit d'équiper trois corps d'armes (Air Force,
Navy, Marines) et donc satisfaire trois bureaucraties munies de
spécifications et de cahiers de charges foncièrement différents.
Ainsi,
les Marines affectionnent de plus en plus le décollage/atterrissage
vertical qui "engraisse" l'appareil (volume, motorisation,
technologies), réduit la surface de ses gouvernes et le prive de
facto d'une manoeuvrabilité adaptée au dogfight.
L'appui-feu nécessite des capacités à orbiter pendant plusieurs
heures près des troupes au sol et à manoeuvrer lentement à basse
altitude afin d'user efficacement d'un canon automatique de gros
calibre (tel que le GAU-8/A Avenger du fameux A-10 Thunderbolt)
contre des cibles potentiellement camouflées. Rien de tel avec un
F-35 trop gourmand en kérosène et trop peu manoeuvrant. Pire : Prey
estime que la furtivité est aujourd'hui un leurre d'abord face aux
radars de la seconde guerre mondiale (dont ceux utilisés pendant la
bataille d'Angleterre), et a fortiori face aux radars russes
conçus depuis les années 1990 qui détectent aisément le F-22, le
F-35 et le B-2.
En
réalité, la mission du F-35 serait uniquement lucrative : Lockheed
Martin et ses sous-traitants ont cousu une poche abyssale à
subventions, prompte à vivement dissuader les trois corps d'armes et
les acheteurs étrangers au profit de chasseurs européens comme le
Typhoon, le Rafale...et le Gripen ?
Les formidables incapacités de ce chasseur font sourire les analystes de défense depuis belle lurette et sont probablement sa seule réussite infomerciale. Cet
interview de Pierre Sprey fera certainement fureur auprès du
gouvernement canadien qui envisage
d'équiper la Royal Canadian Air Force avec 65 exemplaires du F-35.
1 commentaire:
Le Rafale français est qualifié comme "omnirôle" par Dassault étant donné qu'en plus d'être présent dans l'es 3 corps d'armée il est aussi en charge de la dissuasion tactique nucléaire (et non stratégique biensur).
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