mardi 29 septembre 2009

La réalité augmentée dans votre mobile

Défilant sur l'écran de votre téléphone portable, les hyperliens virtuels vous renseigneront sur quasiment tout ce qui se trouve à portée de vue.

Y a-t-il un appartement à vendre ou à louer dans cet immeuble coquet ? Quels sont les tarifs des restaurants dans cette rue très fréquentée ? En filmant les alentours avec la caméra de votre mobile, chaque immeuble ou chaque restaurant devient aussitôt une mine de méta-informations: géolocalisation, adresse postale, prix des appartements disponibles, menus et heures d'ouvertures des restaurants, etc.

Grâce au logiciel Layar de réalité augmentée, votre téléphone portable vous fait découvrir votre ville sous un jour nouveau... ou plutôt sous une mise à jour perpétuelle. Actuellement disponible pour les mobiles Android (Google) tels que le T-Mobile MyTouch et le HTC Magic, cette application aura bientôt une version iPhone.



D'autres « mobiciels » comme RoboVision, Wikitude, Yelp, PresseLite et AcrossAir contribuent également à la récente effervescence du marché de la réalité augmentée. En outre, ils intègrent parfois des fonctions « réseaux sociaux » (Facebook, Myspace, Linkedn, etc) permettant la géolocalisation et la connexion directe à « l'ami le plus proche ».

À défaut de paraître ringard ou réactionnaire, la réalité augmentée a une dimension panoptique qui me laisse perplexe voire inquiet. Que deviendront notre intimité, nos secrets et nos parts (très souvent nécéssaires) de mystère dans un environnement aussi « méta-taggé », proliférant d'hyperliens virtuels et de méta-radars mobiles ?

Dans une brève de science-fiction publiée dans Youvox Avenir - titrée Oeil bionique pour tous -, j'avais imaginé un concept policier plutôt extrême de la réalité augmentée. À méditer...



jeudi 10 septembre 2009

De la science-fiction en Afrique : District 9




Traditionnellement, le centre-ville de New York/Los Angeles, le cloaque futuriste ou le vaisseau spatial lounge constitue le décor du film de science-fiction. Dans le blockbuster District 9 (sortie USA-Canada en août, sortie Europe en septembre 2009), le réalisateur sud-africain Neill Blomkamp rompt ce rituel : son remarquable infotainement à mi-chemin du reportage de guerre et du documentaire TV, nous mène en plein Johannesburg.


Alive in Joburg, court-métrage matrice de District 9

Ici, point de décor feutré à la Star Trek ou de robot élégant à la Star Wars : la fine poussière en suspension typiquement afro-urbaine est omniprésente, l'action se joue entre « Joburg » intra-muros et ses townships. Perdus sur Terre, réfugiés en Afrique du sud, les aliens sans-papiers ont des gueules insectoïdes plutôt répugnantes, sont impitoyablement traqués par les commandos sud-africains, ghettoïsés, quasi-esclavagisés férocement rejetés et accusés de tous les maux par les townshipers. Certains sont incarcérés et maltraités par une société militech privée (la MNU : MultiNational United) uniquement intéréssée par un extraordinaire armement venu d'ailleurs.


District 9 (trailer)

Selon le blog Freakosophy, « Neill Blomkamp ne se contente pas de reproduire grossièrement (cadrage à la truelle, cameramen parkinsonien) le style documentaire, il puise son inspiration dans le JT et plus particulièrement dans le reportage de guerre. C'est la structure de l'événement qu'il cherche à mettre en œuvre. Il reproduit l'urgence de l'image et donc nous amène à nous astreindre à son rythme. La tension est presque mécaniquement suscitée par ce stratagème: nous ressentons ses images comme vraies car elles sont ce que l'on nous présente quotidiennement comme le vrai. Nous ne sommes plus dans la fiction mais dans l'information - un pas décisif est franchi et dans le fond ce qui est montré joue un rôle secondaire dans ce processus de réalisation. »

Dans cette oeuvre de science-fiction - coproduite par le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson, père de la trilogie cinématographique Le Seigneur des Anneaux -, on retrouve en filigrane des tragédies propres à L'Afrique du sud : l'apartheid, la brutalité policière, la xénophobie meurtrière des townshipers sudafricains, les Sociétés Militaires Privés, les expérimentations militaires et scientifiques in vivo, la misère galopante et la criminalité sans fin.

Une leçon de cinéma à Hollywood, un blockbuster à découvrir absolument... Et un détour indispensable par le site (en construction) de la Multi-National United ! La firme recherche activement un ingénieur en technologie non-terrestre et un traducteur de langage non-humain, deux postes payés plus de 100 000 euros/an.


En savoir plus :

  1. District 9, le site officiel en anglais

  2. District 9, le site officiel en français

  3. Allociné : District 9

  4. Multi-National United, le site officiel


mercredi 2 septembre 2009

Quand la gadgeterie devient stratégie



Vietnam, Irak, Afghanistan... La stratégie américaine accuse très souvent une obsession marquée pour la supériorité technologique et une négligence prononcée envers les dimensions politiques et psychologiques du conflit. De Robert McNamara à Robert Gates en passant par Donald Rumsfeld, le Colonel McMaster de l'US Army démontre comment l'establishment politique et l'appareil militaire d'Oncle Sam répètent peu ou prou les mêmes erreurs.



Ce long article ferait une remarquable introduction à « La Technologie Militaire En Question » signé par « l'allié » Joseph Henrotin; l'auteur du blog Athéna et Moi appelant l'Amérique et l'Europe à se réconcilier avec les fondamentaux stratégiques.

Achtung Baby : certaines notions militech imposeront plusieurs détours par Wikipedia mais ne nuiront guère à une lecture aussi accrocheuse qu'enrichissante (très !).

The Human Element : When gadgetry becomes strategy (World Affairs), par le Colonel McMaster

La Technologie Militaire En Question (Economica), par Joseph Henrotin